>> La sottise, l’erreur, le péché, la lésine,
>> Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
>> Et nous alimentons nos aimables remords,
>> Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
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>> Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches;
>> Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
>> Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
>> Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
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>> Sur l’oreiller du mal c’est Satan Trismégiste
>> Qui berce longuement notre esprit enchanté,
>> Et le riche métal de notre volonté
>> Est tout vaporisé par ce savant chimiste.
>> C’est le Diable qui tient les fils qui nous remuent!
>> Aux objets répugnants nous trouvons des appas;
>> Chaque jour vers l’Enfer nous descendons d’un pas,
>> Sans horreur, à travers des ténèbres qui puent.
>Charles Baudelaire